MARATHON DES SABLES 2005

Equipement MDS :
- Sac à dos 30l Runner R-Light marque Raidlight avec portage avant Equilibre R-Light 5l même marque.
- Sac de couchage QUECHUA 680 g
- Chaussures NIKE ACG, pointure 44

JOURNEE DU 09 AVRIL 2005 : CONTR�LES
La journée est réservée pour les contr�les administratifs et techniques. C'est le moment de se démunir d'un effet personnel, de parler avec les anciens du MDS.
Une certaine inquiétude s'empare des concurrents. C'est le moment de faire des choix alimentaires, vestimentaires et de confort (tapis de sol, tong...)
De mon c�te je choisis de laisser 200g de graines (noix de cajou, noix de pécan, amandes, cacahuètes) de ma ration de secours et 4 pâtes de fruits. Gain : 250 g environ.
Pendant cette journée de contr�le, un fort vent de sable va m'amener à acheter des lunettes contre le vent de sable et un accesoire qui va vite s'avérer indispensable, un buff. Je l'ai porté pendant toute la course sans le sortir.
Au cours de cette journée, je fais la connaissance avec les concurrents de la tente 18 qui sera la mienne durant la totalité de l'épreuve.
Je sens chez FOUED, concurrent Parisien, une approche de la course trés proche de la mienne. Notre devise' pourrait être : "Gérer sa course, c'est réussir sa course".

PREMIERE ETAPE DE 29 KM : LE 10 AVRIL 2005
Au cours de cette première étape, nous décidons, FOUED et moi de marcher les 29 km. Notre allure avoisine les 6 km/h. Nous nous forçons à ne pas courir pour ne pas entamer notre physique. Notre sac à dos pèse dans cette étape presque 10 kg avec l'eau. Nous sommes dans une gestion de course et de l'effort. Nous prenons la mesure de la course, nous dégustons ces premiers instants. Déjà la fatigue marque les visages chez certains concurrents. Ceux-ci le paieront dans les étapes à venir.

DEUXIEME ETAPE DE 37,5 KM : le 11 AVRIL 2005
Nous choisissons pour l'étape 2 la même option que pour la première. La marche rapide nous convient bien. Nous gérons notre temps lors des passages aux points de contr�le.
Cette étape nous réserve de superbes et périlleux passages dans les roches des djebels. Les bras seront mis à contribution pour en venir à bout.
Lors du dernier passage rocheux, je ressens le besoin de finir l'étape en courant. Je cours durant les 5 derniers kilomètres. Mon camarade ne m'en voudra pas. Je me sens de mieux en mieux.
Au bivouac les premières blessures apparaissent. Les ampoules aux pieds et les br�lures causées par les bretelles du sac à dos sont là. Nous sommes pour l'instant épargné de tous ces petits tracas. Le file d'attente accédant au service médical des DOC TROTTER commence à prendre de l'importance.

TROISIEME ETAPE DE 41 KM : le 12 AVRIL 2005
Nous sommes au matin de cette troisième étape. La nuit a été très agitée. A la suite de violentes rafales de vent de sable, une partie de notre tente s'est arrachée. Dans l'urgence, nous avons replanté les crochets et sommes allés chercher de grosses pierres pour tenir les bords de la toile au sol, aux lueurs de nos lampes frontales.
Au réveil, nous avions tous des visages de "mineurs" et les sacs de couchage remplis de sable. Nous retrouvons nos effets personnels mélangés entre tous.
Cette étape de 41 km s'avère, après la lecture du road-book, être très délicate. Nous avons un passage de 08 km de dunes.
Les pieds commencent à avoir quelques petits soucis d'ampoules. Je ne souffre pas de problèmes tendineux ou articulaires. Mes épaules ne sont pas blessées par les bretelles de mon sac à dos. En résumé, le physique tient le choc.
Nous prenons le départ de cette troisième étape avec le même état d'esprit. Ma complicité avec FOUED devient au fil de l'épreuve plus intense.
Nous rentrons dans les dunes aux environs de midi. Nous avons depuis quelques kilomètres des difficultés pour tenir notre cadence. Nous sommes gênés par l'apparition d'ampoules aux pieds. Le sable et la très forte chaleur en sont la cause.
Au CP 2, nous décidons de les percer. Nous nous servirons des épingles à nourrice qui tiennent nos dossards pour le faire. Dans les douleurs occasionnées par les ampoules, c'est la formation de liquide et la pression qu'il fait sur le derme mis à nu qui est traumatisant. Lorsque ce liquide quitte cette bulle, il n'y a plus de pression. La douleur est plus supportable.
Au départ du CP 2, les contr�leurs nous annoncent une température avoisinant les 50�C. Nous reprenons la traversée ds dunes avec un entrain retrouvé. Nos ampoules ne sont plus qu'un vieux souvenir.
A l'arrivée de cette étape, nous savons tous les deux que nous venons de passer le plus dur. Nous apprenons par les organisateurs que pour cette 20è édition, nous aurons ce soir un spectacle. Une cantatrice et six musiciens de l'Orchestre Philharmonique de Paris seront présents. Nous assistons la nuit en plein désert à un mini concert. C'est un spectacle surréaliste.

QUATRIEME ETAPE DE 76 KM : LES 13 ET 14 AVRIL 2005
Le jour de la grande étape est enfin là. Nous disposons pour être dans les délais de 34 h pour faire les 76 km. Nous prenons le départ à 09h00. Les 150 premiers du classement général prendront le départ à 12h00.
Le départ est donné. Les "cracks" sont là pour nous encourager et nous applaudir. C'est l'image que j'avais imaginé du MDS. Nous sommes tous unis dans l'effort, tous solidaires quel que soit le niveau et la motivation.
Nous sommes au 21 km. Les frères AHANSAL ainsi que Lhoucine AKHDAR, les trois premiers au classement, fondent sur nous et nous dépassent. Ils sont partis 3h après nous. J'ai l'impression qu'ils volent sur les cailloux. Je ne peux m'empêcher de les encourager et de les prendre en photos.
Nous avançons à notre rythme. Nous atteignons le CP 3, km 33, vers 17h. Nous essuyons lors de notre repos un fort vent de sable.
Au 40è km, nous rentrons dans les dunes. Il fait nuit. Nous nous équipons de nos lampes frontales et de nos bâtons lumineux distribués par l'organisation au dernier point de contr�le pour mieux nous situer dans cette obscurité. FOUED me demande de paser devant et de faire la navigation à la boussole. Je choisis l'option de rester sur les crêtes au lieu de descendre et de monter les dunes en allabt tout droit. Nous sommes rejoint par deux concurrents. Nous serons tous les quatre silencieux. Nous arriverons au CP 4, avec 4h d'avance sur le temps maximum autorisé. Aprés avoir remplies nos gourdes, nous décidons de rejoindre le CP 5.
C'est à partir de ce moment, que nous commençons à courir. 11 km de pur bonheur, sur une piste très facile. Pour rejoindre le CP 5, nous devons suivre un faisceau laser reliant les deux points de contr�le.
A notre arrivée au CP, il est 01h30. Nous décidons de nous reposer. Le ciel est étoilé. Nous voyons beaucoup d'étoiles filantes. Nous dormirons quatre heures à cet endroit.
Le matin, nous nous réveillons en pleine forme. Le sommeil et la magie des lieux ont été trés réparateurs. Nous prenons notre petit déjeuner et nous repartons.
Le CP 6 est déjà là. Nous nous reposons sur une murette. Nous faisons la connaissance d'un photographe et discutons avec lui. Nous apprendrons le lendemain que nous sommes en photos sur le site de l'épreuve par les e-mails que nous rcevons.
Nous terminerons cette étape à 11h30. Nous sommes accueillis par les encouragements de tous les gars de la tente 18 qui sont soulagés de nous voir enfin arriver.
Nous sommes dans les délais. Nous allons profiter de cette demi-journée de repos pour soigner nos pieds et discuter avec d'autres participants. Nous aurons ce soir sur le bivouac un spectacle de danse du ventre.
Nous sortons de cette étape sans fatigue. La nuit à la belle étoile a été très réparatrice.

CINQUIEME ETAPE MARATHON DE 42,2 KM : LE 15 AVRIL 2005
Au départ de cette cinquième étape marathon, le moral est bon et le physique est de mieux en mieux. Le gros morceau est maintenant passé. Je sens entre tous les participants une énorme solidarité.
Sur le bivouac, nous donnons un peu d'eau, nous demandons de l'éosine. Nous partageons les quelques fruits secs qu'ils nous restent.
Au cours de cette étape, nous allons rencontrer la première palmeraie et le premier village. Elle sera riche en couleurs et en senteurs.La polulation est bien là pour nous voir passer.
Ces 42 km se passeront, en courant sans ressentir la moindre douleur tendineuse ou articulaire. Je pense déjà à demain et à revoir ma famille qui sera présente sur la ligne d'arrivée.
Pour le dernier bivouac, l'organisation nous offre en spcetacle une fantasia au coucher du soleil. Nous sommes pratiquement à la fin de l'aventure. J'ai besoin de rester un moment seul pour évacuer mon trop plein d'émotions.

SIXIEME ET DERNIERE ETAPE DE 20 KM : le 16 AVRIL 2005
Le rêve touche à sa fin. Nous nous préparons pour la dernière fois au départ d'une étape. Nous avons tous la gorge serrée.
Le départ de cette ultime étape se fait à vive allure. FOUED parle beaucoup, je lui réponds trés volontiers.
Plus l'arrivée approche, plus les émotions sont à fleur de peau.
Nous apercevons les premières maisons de TAZZARINE. Nous sommes à la fin de l'aventure. Je suis envahi de bonheur. Nous rentrons sur le goudron. Il nous reste à parcourir 2,8km. Je savoure pleinement ces instants.
Plus que quelques centaines de mètres. Une personne sur le bord de la route m'appelle par mon prénom. C'est le guide qui a amené ma famille sur la ligne d'arrivée. Il part en sprint pour les prévenir de mon arrivée. Je suis submergé par l'émotion.
La banderole d'arrivée est en vue. FOUED me tend la main. Nous parcourons les derniers mètres en nous tenant la main. Nous nous comprenons, nous n'avons pas besoin de parler.
Sur le c�té, j'aperçois mon comité d'accueil qui s'agite. Mes lunettes sont trés vite embuées. Nous franchissons la ligne d'arrivée en même temps. Je ne suis pas prêt d'oublier ces instants échangés avec mon ami FOUED.
Je cours ensuite vers mon comité d'accueil. Je rentre dans un état d'émotions tel que je ne peux parler avant de longues minutes.
Je reprends mes esprits. Je réalise que je viens d'accomplir mon rêve le plus cher.

JEAN-LUC, dossard 326,tente 18, MDS 2005, 20ème édition

Site de la course : http://www.darbaroud.com/