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Jean-Luc DARTEYRE                                                                           "Passion course à pied"
8 octobre 2013

UTAT 2013

Le départ de la course est donné à 06h00. La température est idéale, l'ambiance est festive. Je cours avec mes amis jusqu'au 20 ème km. Puis à partir du 40 ème km, je rentre dans une grosse galère. Je ne peux plus rien avaler, ni liquide ni solide. Et encore mieux, je me vide par le haut. Mes jambes sont en coton,  ma tête est en ébullition. J'arrive tant bien que mal au CP 4 , km 49,5. Je me repose 10 minutes et le docteur du CP, me voyant dans cet état, me dit que je peux être perfusé mais qu'il ne me laissera pas repartir. Après cette déclaration fracassante, je décide de repartir. Je suis au pied d'une montée de 3 km pour 600 de D+.  Dans cette ascension, un coureur landais, Jean Marie me rattrape et décide de rester avec moi pour m'aider; Décision que j'apprécie dans ce moment délicat. Nous sommes rattrapés par un concurrent, Daniel qui restera avec nous. Après une multitude d'arrêts pour vomir, nous arrivons au sommet péniblement, surtout moi. Le relief est maintenant moins sévère. Je vais un peu mieux.

Nous entamons une descente caillouteuse et technique. Le rythme est de nouveau linéaire. Jean Marie, en bon gascon, lache quelques anecdotes dont il a le souvenir, quand soudain dans un moment d'inattention, il fait une chute de 3, 4 mètres dans un ravin la tête en avant. Il a mal, il crie de douleur. Je me rapproche de lui et je découvre son visage ensanglanté. Il est KO. Je prend ma  gourde et je lui verse de l'eau délicatement sur la tête. Il revient petit à petit à lui. Il faut stopper maintenant l'hémorragie. il a une plaie sur le nez causée par ses lunettes, deux plaies sur le front et les yeux tuméfiés.

Avec le matèriel médical obligatoire à emporter, je fais cesser les saignements, je désinfecte et je mets les pansements énergiquement en place. Nous repartons après une bonne demi-heure. A partir de ce moment là, nous cheminons à notre rythme, au pas du montagnard. La nuit arrive et nous entamons la montée du Tizi n'tarharate à plus de 3500 m d'altitude. Et là encore une fois, je suis pris de vomissements et de maux de tête. Encore la galère. 

Jean Marie est frigorifié; Il a fait de mauvais choix de matèriel vestimentaire. Nous cherchons dans nos sacs pour l'aider; Daniel le dépanne d'une paire de gants polaire. Au sommet, le vent est très fort et glacial. Nous entamons immédiatement la descente. Cette dernière est vertigineuse et très piégeuse. Les batons serviront maintes fois à se rétablir et à éviter la chute. Deux heures de descente dans la nuit obscure et venteuse, 08 km de descente pour 2000 m de D-. Nous arrivons au km 88,5, ou nous pouvons nous restaurer. Jean Marie accuse le contre-coup de sa chute. il ne sait pas encore s'il repartira. De mon côté, je suis beaucoup mieux, les céphalées et les vomissements ont totalement disparus. Nous repartons tous les trois après une heure de repos. Malheureusement, après une heure et demi de montée Jean Marie abandonnera, exténué. Je me retrouve seul et en bonne forme; Je passe les derniers CP. Je pense à Caroline et à Olivier qui sont déjà arrivés depuis longtemps.

Ca y est, le dernier col est franchi et j'aperçois la ligne d'arrivée. Je suis content de terminer. J'ai puisé au plus profond de mon mental pour ne pas abandonner. Je distingue sur la route mes amis de course, Caroline et Olivier, qui sont ravis de me voir finir et qui m'encouragent. Je passe la ligne d'arrivée le vendredi à 15h15 après 33h15 de course.

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Je termine dans les délais mais j'ai la désagréable surprise de me retrouver dans la liste des abandons.

Ce n'est qu'un détail car je sais que le dossard 43 que je portais, a franchi tous les CP et la ligne d'arrivée et que tous ces souvenirs resteront gravés pour un moment dans ma mémoire.

Dans ces moments de grandes difficultés, le partage, l'entraide et la solidarité entre conreurs sont des mots qui véhiculent des valeurs, qui ont une grande importance. C'est pour cela que je cours, que je fais de l'ultra.

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Souvenirs de  7  jours inoubliables dans le haut Atlas : Merci Caroline, merci Olivier

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